Voilà comme tu t’es présenté, ce soir-là.
Pedro, l’ami, le frère prêcheur,
Tu as pris le train pour l’envers du décor.
C’était une journée d’hiver,
Cette saison qui fait si mal
Aux gens de la rue,
À celles et ceux qui « dorment » dans la rue,
Aux marges du monde.
Tu as connu la misère,
Elle ne t’a jamais quitté
Puisque tu la recevais
La nuit, à la Moquette.
Enfant, on t’a offert l’exil, la survie,
Et même quelques jours de prison
« Une erreur sur la personne ».
Un comble
Pour celui qui en avait pris des dizaines d’années
Dans l’Espagne de Franco.
Mais ça te ressemblerait tout à fait,
Tu prends pour les autres,
Ça arrive un jour
À tous les engagés du monde.
Militants ? un mot trop proche de l’autre mot,
Militaire.
Tu disais : « Je suis là pour prendre le temps d’être là,
Sans savoir ce qui peut venir »
Sans idée préconçue,
Sans idée arrêtée.
Les pauvres, c’est chacun son chemin,
On n’est pas pauvre en série.
Tu as appris cela de l’Evangile,
Disons-le, de Jésus,
Du Galiléen,
De celui dont tu parlais une dernière fois
La nuit de Noël
Aux blessés de la rue, du chômage,
De l’enfance qui n’a pas existé.
Je garde de toi ce court passage :
« Donner et recevoir est le propre de Dieu,
Dieu est don, il se donne,
Dieu est accueil : il se reçoit,
Dieu n’a rien, ne garde rien,
Ne retient rien pour lui
Puisqu’il ne possède rien.
Quelle meilleure image de Dieu
Que la faiblesse d’un nouveau-né » .
Dieu est don, et comme il n’a rien, il ne peut donner que lui-même
Totalement,
Sans aucune retenue.
Merci, l’ami.
Gérard Marle
Relire la rencontre avec Pedro Meca, lors de l’assemblée générale du CCSC – 10 mai 2012