« Diaconia 2013 – Servons la fraternité »
Rassemblement à Lourdes les 9, 10 et 11 mai 2013
Ouverture du rassemblement, jeudi 9 mai
12 000 personnes rassemblées
dans la basilique saint Pie X
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« Je t’ai appelé par ton nom
car tu as du prix à mes yeux. »
Isaïe 43, 1;4
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Extraits de la déclaration de Mgr Bernard Housset pour l’ouverture du rassemblement
Nous voici tous ensemble à Lourdes, avec nos dynamismes et nos précarités, nos richesses et nos fragilités.
Si nous sommes ici, c’est que nous croyons que la fraternité est réellement possible. Nous allons partager des réalisations et des initiatives en nous écoutant et en parlant à notre tour. Car parmi nous, il n’y a pas de sans-voix, chacun peut parler et être écouté. Personne n’est trop pauvre pour n’avoir rien à dire.
Nous allons aussi écouter et partager la Parole de Dieu et l’Eucharistie. Car nous venons prier le Christ pour que nos actions de solidarité et de fraternité soient davantage animées par la charité de la Trinité.
Notre démarche, nous allons la vivre dans la foi. Car nous nous sommes rendu compte que les rejetés et les humiliés de la terre nous font découvrir l’humilité de Dieu, qui est au cœur de son Amour. Acceptons de recevoir d’eux ce qu’ils ont à nous donner.
Bernard Housset Évêque de La Rochelle et Saintes Président du Conseil pour la SolidaritéTémoignage « Place et parole des pauvres » : Lire
Nous avons animé deux forums sur le chômage.
Le premier avait lieu à la basilique saint Pie X en présence de 300 participants. Vous pouvez lire les témoignages de chômeurs à la rubrique « Les chômeurs » / « Témoignages ». Nous donnerons prochainement des échos de ce forum sur ce blog et dans le bulletin « Vaincre le chômage et la précarité » à paraître.
Le deuxième forum était radiodiffusé. Vous pouvez le réécouter à l’adresse http://radionotredame.net/emission/forum-diaconia-2013/10-05-2013/
Dans chacun des deux forums le premier temps fut consacré à la parole des chômeurs, le second à leur entourage (vous pouvez lire les témoignages de Bernadette et Anne-Marie à la page « Les chômeurs » / « Témoignages »), le troisième à l’élaboration de propositions pour n’en retenir que trois prioritaires.
Pour le forum 13 « Se mobiliser avec les chômeurs » voici les propositions:
Lourdes (Diaconia mai 2013)
Voici, les unes après les autres, les propositions formulées par les différents carrefours. Nombreux carrefours puisque chacun des alinéas correspond à un carrefour, soit 36 carrefours.
Ont été retenues les propositions suivantes
1. Soutenir ou créer des lieux d’écoute, de parole
2. Soutenir ou créer des lieux et des équipes d’accompagnement.
3. Mettre sur pied une journée paroissiale qui permette la rencontre des demandeurs d’emploi avec des gens de l’entreprise (patrons, cadres ou autres)
Puis sont venues deux autres propositions :
– Favoriser la solidarité, les liens entre ceux qui viennent de quitter le chômage et ceux qui y sont encore.
– Mettre sur pied des « maisons de la diaconie ».
Ensemble des propositions telles qu’elles ont été formulées par les différents groupes :
~ Groupe d’écoute selon les âges dans nos paroisses et nos lieux de vie, pour agir ensemble.
~ Créer un point d’écoute dans notre paroisse pour les chômeurs et leur entourage avec une équipe de personnes différentes (administratif ; pour parler, animateurs (théâtre, expression corporelle selon les vœux des personnes dans un cadre convivial et neutre (pas spécialement paroissial. Parler de Dieu, cela doit venir d’eux)
~ Créer une antenne d’accompagnement et d’écoute sur la paroisse, qui va vers les chômeurs, leur proposer cette aide mais aussi le suivi dans la durée par une équipe qui se retrouve.
~ Mettre en place des lieux de parole pour libérer la parole ; prévoir au démarrage un ou deux témoignages. Interpellation des communautés pour mettre l’accent sur le langage, les mots, le regard, ce qui enferme, ce qui remet debout, ce qui blesse, ce qui relève de la fraternité, l’écoute. Concrètement, aller à leur rencontre avec un témoin un membre d’association. Incitation à des activités permettant utilité sociale et reconnaissance des compétences. Vigilance sur qui va interpeller (l’intermédiaire) et manière d’interpeller, pour que l’interpellation soit valorisante et non pas humiliante.
~ Créer des espaces d’échange entre chômeurs et monde du travail. Créer au sein de nos paroisses un lei d’accueil et de paroles (régularisation des paroles). Adresse à la société revendication contre la systématisation de la précarité. Ne pas laisser perdre ces repères.
~ Sensibiliser les chrétiens à partir des conseils de paroisse. S’informer sur la réalité de notre ville. Se focaliser sur les gros agriculteurs (monoculture). Aller à la rencontre des chômeurs pour les connaitre. Se rassembler (assoc’). Diversifier les rencontres. Prendre contact avec le CCSC pour essayer de lancer quelque chose sur notre ville.
~ Créer une association de chômeurs pour échange, contact et même situation. Pouvoir parler ensemble sans tabou et chacun raconte son vécu. Pouvoir faire contact avec les entreprises pour mieux répartir le travail des salariés et en parler. Faire face au stress au lieu de travail. Augmenter le nombre de salariés pour que le travail soit correctement réparti. Réveiller la conscience des entrepreneurs. Mieux répartir les riches et les pauvres. Prendre l’exemple de ceux qui ont lutté contre la pauvreté, l’abbé Pierre, le père Joseph W, Sœur Emmanuelle, Mère Térésa, Bruno Groues.
~ Volontariat civil : Découvrir un milieu, un métier lorsque l’on ne trouve pas d’emploi dans le domaine que l’on souhaite. Ne coûte rien à l’employeur. Contrats CAE-CUI : par le biais de Pôle Emploi, permettre à l’employeur d’engager une personne à moindre coût. Associations caritatives : coiffeur/salon d’esthétisme à destination des personnes en situation de précarité (chacun donne ce qu’il peut en fonction de ses moyens) ; accompagnement par des bénévoles.
~ Une expérience vécue en région parisienne : une association a été créée, il y a trois ans, par une paroisse pour une aide aux personnes en situation de chômage, pour un échange d’expérience, deux fois par mois et une invitation de professionnels ; régulièrement environ 35% des « adhérents » se retrouve dans une salle paroissiale. Les non-chrétiens ne souhaitent pas participer. Organiser, dans notre paroisse, une rencontre entre employeurs et demandeurs d’emploi. En paroisse, essayer de connaitre et de rencontre les demandeurs d’emploi qui sont souvent dans l’ombre à cause de leur situation.
~ Trouver un lieu pour que le chômeur ne vive pas sa situation seul, isolé. Lieu pour échanger entre chômeurs, reprendre confiance en soi, reprendre des responsabilités progressivement rejoindre, mettre ne lien, faire connaître des associations de réinsertion.
~ Travail pour la communauté. Des repas-partage pour lutter contre l’isolement et revaloriser les personnes. Proposition d’atelier théâtre.
~ Connaître nos compétences et trouver une personne qui permette de nous les mettre en valeur auprès d’un employeur qui nous correspond.
~ Création de « comités de quartier » gratuit où l’on peut venir, par exemple, invité par d’autres personnes qui ont déjà été aidées (bouche à oreille). Permettre de redonner des compétences à des personnes licenciées (ou âgées) auprès des plus jeunes. Soutenir, et empêcher que des gens s’isolent. Accompagnement à la recherche d’emploi mais aussi activité support qui permettent rupture d’isolement ; « groupes de parole informels ». Redistribution des revenus entre chômeurs et non chômeurs dans la famille, mais aussi plus largement dans la société.
~ Créer des lieux d’expressions libres quelque soit le handicap des personnes : théâtre, musique, chant. Mener des actions citoyennes avec les personnes vivant des situations de précarité.
~ Pour maintenir le lien social et ne pas tomber en déchéance, inciter les chômeurs à donner une heure tous les matins en atelier, en association ou travaux d’intérêt général. Objectif : garder le contact avec le monde du travail.
~ Que l’on puisse trouver dans nos paroisses des lieux d’accueil, d’écoute et des temps de rencontre pour apprendre à se connaître et permettre l’entraide.
~ « On a besoin d’en parler ». Point d’écoute dans la communauté locale et informer que cela existe. Lieu de parole avec des personnes écoutantes. Lieu d’écoute neutre pour n’exclure personne. Favoriser, le réseau, mettre en relation.
~ Changer notre regard et veiller à ce que la société change son regard sur le chômage et le chômeur. Aider la personne à ne pas rester seul. Il existe des lieux de rencontre et de parole au Secours catholique.
~ Lutter contre l’isolement. Lieux d’accueil. Vivre décemment. Participer à des groupes de vie, communautaire, associations, association d’échanges de travail. La mobilité.
~ Parler positivement des personnes en situation de chômage et de leur entourage. Créer des espaces de prise de parole (accompagnement des personnes).
~ Changer notre regard sur les chômeurs, nos idées reçues ou vite faites. Pour rompre l’isolement, créer des associations de chômeurs là où elles n’existent pas. Les chômeurs devraient systématiquement être impliqués dans une association pour y prendre des responsabilités et y apporter ses compétences.
~ Faire du bénévolat, quel que soit le domaine pour être occupé. Etre prêt à se reconvertir. Avoir la confiance en soi, confiance dans l’avenir. S’ouvrir aux autres. Oser changer de métier et faire des formations. . Apprendre un métier. Faire des formations aussi bien diplômantes mais surtout professionnelles. Eviter le gain facile, la prostitution. Il n’y a pas de sot métier, ni de sous-métiers (boucherie, menuiserie…)
~ Créer des lieux d’accueil pour recevoir le public : écoute, dialogue, orientation, accompagnement, partage, échange, lieu calme, apaisant, agréable, décoration du lieu. Mise en exergue des centres d’intérêt de l’individu.
~ Ne pas rester seul. Contacter bénévoles (resto du cœur), intégrer une association ou le Secours catholique. Aller voir les personnes âgées (aide à domicile). Faire une formation. Aller s’inscrire à Pôle emploi.
~ Ouverture d’équipe qui soit à l’écoute des demandeurs d’emploi afin qu’ils puissent se confier sans honte et se libérer de leur culpabilité. Ou lieu de rencontre avec les travailleurs.
~ Développer le parrainage (accompagnement, tutorat…)
~ « Maison de la Diaconie » (nom à rechercher) où plusieurs associations sont partie prenante. Organisation de différentes actions, repas solidaires, mettre du lien social, ouverture spirituelle, prendre en compte la réalité des gens au chômage.
~ Non au statut chômeur et précaire. Lieu de rencontre en milieu rural et urbain, retrouver une dimension humaine.
~ Utiliser un support gratuit (exemple de Exclusif à Clermont Ferrand). Des anciens chômeurs, retraités pourraient parler de leur expérience du chômage, des conseils qu’ils puissent donner ; cette feuille pourrait être portée chez le demandeur d’emploi, à son domicile ; cela éviterait l’isolement, servirait de porte d’entrée pour discuter. Mettre en place une structure d’écoute car l’écoute est importante, qui porterait les moyens existants à la connaissance des demandeurs d’emploi.
~ Le Secours catholique : service d’accompagnement vers l’emploi (carrières emploi) ; connaitre le demandeur d’emploi ; connaitre le métier recherché ; préparer et travailler un CV en fonction de l’emploi ; aide à l’entretien d’embauche ; les réseaux de recherche d’emploi (les bénévoles, les amis, les sites).
~ Pôle emploi n’a pas toujours le temps d’écouter et d’accompagner le chômeur, mais il existe des associations qui prennent le relais avec Pôle emploi. D’où développer partout ces relais qui ont plus de temps (ça existe déjà en certains endroits). Réveiller les paroisses sur la question (on n’en parle même pas chez nous !), d’où, lieu d’accueil dans chaque paroisse.
~ Création d’u lieu d’accueil et d’écoute sans étiquette.
Ressortir la lumière plutôt que le sombre. Accueillir l’autre avec la question « qui êtes-vous ? » et non par « que faites-vous ? »
~ Ne plus parler de « chômeurs » mais de personnes en recherche d’emploi. Favoriser des lieux d’écoute et d’accompagnement. S’engager à notre niveau pour plus de justice sociale.
~ Lieu d’accueil et d’écoute pour pouvoir vider son sac mais aussi pouvoir faire le point sur nos propres recherche afin d’être encouragé et trouver des ouvertures possibles. Lieu pour porter dans la prière ces intentions. Aller dans des lieux autres que « chômage » et « travail », pour sortir de soi, sortir de l’isolement et garder un pied ans la société à travers le théâtre par exemple. Cela permet également de retrouver confiance en soi, de se découvrir.
~ Mobiliser les communautés, les cellules d’entraide paroissiales : caisse de solidarité pour les transports, parrainage pour accompagner, garde d’enfants…
Pour le forum 41, radiodiffusé, voici les engagements évoqués :
En gras, les engagements les plus plébiscités par les 150 participants :
– Se taire (= ne pas « conseiller » les demandeurs d’emploi), apprendre à se taire
– Je m’engage à ne pas sombrer, même si je prends l’eau (+++)
– Créer des liens d’amitié
– Aider des proches dans leurs démarches
– Aider toutes les personnes autour de soi
– Aider les personnes handicapées dans leurs démarches quotidiennes
– Engagement humain et prière
– Fabriquer des jouets pour Noël
– Vraiment s’écouter les uns les autres (+++)
– Donner la parole aux jeunes… Etats Généraux JOC IdF du 18 mai prochain !
– Travailler de manière collective (participants divers), dans un esprit de co-naissance (+++)
– Utiliser et faire connaître « Vers l’emploi mais pas tout seul » (ALERTE : associations, syndicats, employeurs)
– Faire renaître l’esprit de coopérative
– Créer des emplois et développer des entreprises construites à partir des personnes (et pas l’inverse)
– Développer des entreprises telles que « Travailler et Apprendre Ensemble »
– Soutenir les réseaux et coopératives d’activités, qui parient sur la créativité des personnes
– Développer au Secours Catholique les infrastructures d’insertion
– Développer des actions d’insertion pour les 18 – 25 ans
– Soutenir les réseaux et les coopératives d’activités, qui parient sur la créativité des personnes
– Développer au Sec Cath les infrastructures d’insertion
– Continuer à embêter l’Eglise pour qu’elle s’engage dans la solidarité face au chômage (+++++)
– Un dimanche par an « chômage et emploi » (comme d’autres journées nationales, pour s’engager toute l’année).
– Se rapprocher et agir davantage avec les entreprises (dans toutes leurs dimensions)
Message final du rassemblement » Diaconia 2013 Servons la fraternité »

Personne n’est trop pauvre pour n’avoir rien à partager. La fraternité n’est pas une option, c’est une nécessité. Nous en avons fait l’expérience forte et joyeuse à 12 000, lors du rassemblement Diaconia, de toutes origines et de toutes conditions, représentant des centaines de milliers de chrétiens engagés au service de leurs frères.
A la lecture de l’Evangile, à la suite du Christ serviteur, tous ont appris à écouter la voix des pauvres de notre temps. Chacun a été entendu dans sa singularité : ceux qui souffrent, malades, handicapés, personnes seules ou abandonnées, sans domicile ou mal logées, chômeurs ou précaires, divorcés, remariés ou non, salariés en souffrance ou menacés dans leur emploi, jeunes sans perspectives d’avenir, retraités à très faibles ressources, locataires menacés d’expulsion, tous ont pris la parole. Leurs mots, leurs colères sont aussi dénonciation d’une société injuste qui ne reconnaît pas la place de chacun. Ils sont une provocation au changement. Il est temps de sortir de nos zones de confort. Comme le dit le Pape François, il est temps d’aller aux périphéries de l’Eglise et de la société.
Ensemble, osons le changement de regard sur les plus fragiles. Abandonnons un regard qui juge et humilie pour un regard qui libère. Nous n’avons pas de prochain clé en main. La proximité se construit chaque jour.
Ensemble, osons le changement d’attitude au sein des communautés chrétiennes pour que les pauvres y tiennent toute leur place. Cette conversion passe notamment par un développement des collaborations dans et hors de l’Eglise.
Ensemble, osons le changement de politiques publiques, du local à l’international. Que les décisions prises visent à prendre en compte la situation des plus fragiles dans le respect, la justice et la dignité.
Ensemble, osons le changement dans nos modes de vie, pour respecter la création où les liens humains sont premiers et préserver l’avenir des générations futures.
Le rassemblement Diaconia, voulu par l’Eglise de France, est une étape. Le temps de l’engagement se poursuit. Les participants appellent tous les baptisés et tous les hommes et femmes de bonne volonté qui se retrouvent dans les valeurs de l’Evangile, à se mettre en route, ensemble, pour construire une société juste et fraternelle. Une société où l’attention aux pauvres guide toutes nos actions.
Lourdes, le samedi 11 mai 2013